



Par Océane Megevand
Sophie Courtin est à la fois danseuse, chorégraphe et professeure de danse classique. Elle s’intéresse avant tout aux émotions humaines et à leur expression par le mouvement. Si vous allez voir ses pièces, ne vous méprenez pas, ce ne sera pas un ballet classique : elle offre un mélange de sa gestuelle et celles de ses interprètes (notamment issues des danses urbaines), pour proposer une écriture contemporaine riche en nuances !
Dans Impact, six interprètes sont au plateau : Eva André, Alexia Dejean, Louis Giraudeau, Hacen Hafdhi, Sophie Courtin et Mariam Kamara. L’un d’entre eux, habillé en blanc (interprété par Hacen Hafdhi) représente la personne dont on observe la psyché. Il est souvent tourmenté par un deuxième danseur habillé en noir (interprété par Louis Giraudeau) : celui-ci semble constamment l’empêcher de se surpasser en le retenant, comme l’égo qui empêche de se libérer. Les danseuses (Eva André, Alexia Dejean, Sophie Courtin et Mariam Kamara), elles aussi habillées en noir, semblent à la fois l’aider et l’assaillir. Elles représentent le poids de tout ce qui peut impacter - d’où le titre de la pièce - une personne face aux défis de sa vie. Très explicite, cette pièce a le mérite de rendre visible ces phénomènes de lutte mentale auxquels nous faisons tous face en l’illustrant par le mouvement.
A travers une scénographie simple et claire, Sophie Courtin a voulu rendre visible ces conflits internes qui nous traversent. Le seul élément de scénographie est une chaise, dans une grande diagonale de lumière, représentant un point de fuite aussi bien espéré qu’inaccessible. Sur celle-ci, l’homme en blanc est assis pendant une grande partie de la pièce. Son but est de s’en éloigner et de se lever, mais il est inlassablement ramené à ce point de départ par les cinq autres interprètes. Il arrive finalement à s’en défaire et à se libérer de ses blocages, trouvant l’harmonie avec ses compagnons de voyage qui le tourmentaient jusqu'alors. Ce moment de cohésion retrouvée fait respirer la pièce traduisant la fin d’un cycle de lutte.
La répétition de gestes, d’actions, et de segments chorégraphiques fait écho aux pensées intrusives auxquelles se confrontent chaque individu. Cette cyclisation de la pensée est représentée par le corps, permettant d’observer les évolutions de la pensée du personnage à travers l’amplitude des mouvements, les variations de rythme, et les nuances d’interprétations. Chacun évolue avec une gestuelle propre à soi/lui, soulignant la singularité des différents personnages. Le solo d’Hacène Hafdhi marque une étape de rupture et un tournant dans le parcours de ce personnage. Puissant, présent et précis, le danseur nous embarque dans son combat contre ses propres tourments.
Pièce à la dramaturgie bien construite, elle illustre de façon poétique un sujet complexe : la santé mentale. Belle illustration du fait que certaines choses ne peuvent être dites, mais sont pourtant exprimées et ressenties, la danse est ici un médium bien choisi que la chorégraphe rend accessible à tous et toutes.
Date de sortie de l’œuvre : 20 janvier 2024, au festival Visages du Monde, Cergy. Oeuvre présentée à Lyon dans le cadre du festival Karavel 2024 le 17/10/2024
Nature : spectacle chorégraphique
Durée de l’œuvre : 1h
Chorégraphie : Sophie Courtin
Direction technique : Fernando de Azevedo
Composition et montage musical: Joris Dupuis aka Dr J.O
Community manager: Rayan Hafdhi
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